Trois ans après Post pop depression, on se demandait si Iggy Pop allait de nouveau sortir un album. Que les fans soient rassurés, l’Iguane nous livre un nouvel opus par moments sombre et crépusculaire, mais la bête de scène punk-rock est toujours vivante.

Free ! Tel est le titre du dernier Iggy Pop, comme un cri qui semble résumer la vie de l’ex-punk de 72 ans. « Je sais que c’est une illusion et que la liberté n’est qu’un sentiment que l’on ressent, j’ai vécu ma vie jusqu’à présent en croyant que ce sentiment est tout ce dont j’avais réellement besoin, pas nécessairement le bonheur ou l’amour, mais ce sentiment d’être libre. Alors cet album m’est arrivé, et je l’ai laissé faire. »

Grand fan de jazz, traditionnel mais aussi de free, Iggy propose un album très influencé. Le titre Free est un hommage aux musiciens jazz des années 1960 qu'il a toujours admiré, comme John Coltrane. Par sa capacité à se renouveler, Iggy Pop démontre ici une grande force créatrice.

Le chanteur s'est entouré de deux jeunes musiciens américains. La guitariste Sarah Lipstate au jeu minimaliste, créatrice d’ambiances particulières et défricheuse de nouveaux territoires. Et le trompettiste Leron Thomas qui donne la tonalité jazz sur presque tout l’album. Très inspiré, son instrument prend par moments des accents de Miles Davis, notamment sur Glow in the dark, où la voix burinée de l’Iguane se mêle dans une ambiance grave et apaisante à la trompette en sourdine.

Car très loin des rugissements punks-rock d’un I wanna be your dog des 70’s aujourd’hui inévitable dans ses concerts, Iggy, et sa grosse voix chaude, donne cette fois dans le genre crooner qu’il admire tant, comme il l’avait fait sur Loneliness Road (2017) ou Préliminaires (2009). Même si encore sur James Bond et surtout Dirty Sanchez, l’animal Iggy montre qu’il peut être encore celui qu’il a été.

Free touche parfois quelques moments remplis de poésie. Sur Loves Missing, morceau tout en retenue qui évoque avec sobriété l’espérance et l’exigence d’une femme qui attend l'amour. Mais aussi grâce à la lecture d’un texte de Lou Reed, vieux compagnon de route d'Iggy Pop, disparu en 2013, We are the people. « Nous sommes le peuple sans terre/Nous sommes le peuple sans tradition/Nous sommes le peuple qui ne sait pas mourir en paix et à l’aise ».

Un album avec des grandes interrogations crépusculaires

Nombreux sont ceux à voir dans cet album une parenté avec l’ultime Black star de David Bowie. Les deux hommes furent très proches et ces deux albums résonnent comme des grandes interrogations crépusculaires, tant par les sons, que par les mots.

Free s’achève avec deux titres tenant tête à la mort qui approche. Do Not Go Gentle Into That Good Night du poète gallois Dylan Thomas (1914-1953) est un texte intense et oppressant sur la fin de vie sur lequel le vieil Iggy se rebelle : "Rage, enrage contre la lumière qui se meurt / N'entre pas apaisé dans cette bonne nuit / La vieillesse devrait s'embraser, se déchaîner face au jour qui s'achève."

Puis Dawn, conclut l'album de manière funèbre "Ne serait-ce que s'allonger c'est renoncer", "Tu dois faire quelque chose, quelque chose, parce que l'obscurité est comme un challenger. (…) L'amour et le sexe vont se présenter mais aucun des deux ne pourra résoudre l'obscurité".

B.D.

Free

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